OK, j’avoue, ce titre est exagérément polémique. Mais en ce dimanche de pont, il faut bien trouver un moyen d’attirer l’œil du lecteur.
C’est exagéré, mais c’est à peu près ce que recommande la Cour des Comptes. Rassurons nos amis éleveurs, aucun gouvernement n’a jamais tenu compte du moindre avis des sages. Il se peut même que ce soit justement pour se faire remarquer qu’ils en soient arrivés à balancer une bêtise. Histoire de voir qui suit. Des sages pas sages tous les jours, en somme.
La vénérable institution vient en effet de conseiller la réduction du nombre de vaches en France. Pas la baisse de la consommation de viande, mais notre baisse de production. Et c’est là qu’on se dit qu’il risque d’arriver à l’agriculture française ce qu’il est arrivé à l’industrie il y a 40 ans. À force de raisonnements simplistes et moralisateurs, on obtiendra le contraire de ce qu’on recherchait.
Je m’explique.
À peu près tout le monde est d’accord pour dire que la consommation de viande rouge n’est pas bonne pour le climat. La réduire est donc une bonne idée pour la planète. Le problème, c’est que la production française n’est pas celle du monde, ce que semblent oublier nos sages. On peut donc très bien organiser la baisse de notre production nationale, sans faire baisser notre consommation nationale. En important, tout simplement.
Sur ce dossier, il y a moyen de générer une de ces aberrations dont seule notre exception culturelle a le secret. On ferait baisser la production de viande issue d’élevages locaux et responsables, tout en faisant exploser l’importation de bœuf traité aux antibiotiques n’ayant jamais vu une prairie. Le tout en émettant un surplus de CO2 par le transport. Bref, le prix Nobel, ce ne sera pas pour cette année, les gars…
Car les pays dans lesquels nous achetons ce que nous ne produisons pas ne sont pas tous regardants sur la qualité ni le bien-être animal. Avez-vous lu cet effroyable article sur l’élevage flottant de Rotterdam ? C’est une plateforme de verre et d’acier où on met des vaches sans pâturage. C’est mieux que de la salers du Cantal ça ?
On parle habituellement d’industrie ici. Mais je voulais envoyer ma compassion à ceux qui défendent l’une des agricultures les plus responsables du monde : la nôtre. Ses éleveurs ont amorcé le virage du « moins mais mieux » depuis longtemps. La taille du cheptel français a déjà baissé de 30% au cours des 60 dernières années.
On ne se fait plus insultés comme avant aux FFI. L’industrie devient tendance. Je ne dis pas que ça nous manque. Mais quand j’ai vu la bienveillance des commentaires générés par le post de Marine COLLI sur ce sujet, je me suis dit que pour garder la forme, il fallait parler élevage. Ça émeut encore plus les foules que le trafic d’armes ou d’organes visiblement. Et puis, il faut bien occuper son lundi de Pentecôte, que voulez-vous.