En 2022, la France a ouvert 90 nouvelles usines, plus qu’elle n’en a fermé. Cette dynamique témoigne de la naissance d’une nouvelle industrie : de nouveaux sites avec de nouveaux codes, de nouveaux métiers, de nouveaux visages. En tant qu’ancienne industrielle de la métallurgie et passionnée de territoires, Virginie Saks a décidé de soutenir ces acteurs de la nouvelle économie française.
Les Forces Françaises de l’Industrie : Virginie, vous venez de sortir une publication sur l’industrie verte. C’est l’actualité du moment ! En quoi consiste cette publication et pourquoi la sortir maintenant ?
Virginie Saks : Merci pour cette mise en lumière de ma dernière publication “Industrie verte : nouveaux acteurs, nouveaux défis ! Soutenue, entre autres, par les FFI.
Dans le cadre de l’élaboration en cours d’un projet de loi sur la (ré)industrialisation verte, j’ai voulu rappeler de quoi il était question. Quel est le périmètre d’action ? Comment prendre du recul sur les propositions qui seront émises ? (NDLA : une première présentation de 29 propositions a été réalisée le 3 avril à Bercy – à retrouver ici -)
Pour rappel, le PJL a été lancé en janvier 2023. Il vise à faire remonter des propositions qui seront présentées aux Chambres parlementaires (Assemblée et Sénat) cet été. Cela a pour but d’accélérer la réindustrialisation verte de la France.
Un projet de loi fonctionne de la manière suivante :
- il y a d’abord une première phase de consultation avec des auditions (en l’occurrence, 300 rencontres physiques ou visio) et des consultations écrites (138 reçues par le ministère)
- puis, des groupes de travail représentés par un binôme avec un député et un chef d’entreprise ou un élu local font une synthèse de ces contributions. En l’occurrence, ils ont issu 29 propositions citées plus haut.
Après cette première présentation, une consultation en ligne sera lancée via la plateforme Make.org. Tout citoyen peut y participer, ce qui nous laisse collectivement le temps d’améliorer et d’ajuster les propositions. Les ministres et représentants des groupes de travail vont se déplacer partout en France pour confronter leurs propositions avec le terrain. Les ministres recevront également les députés de tous bords pour prendre en compte leurs retours.
Et à l’été, l’Assemblée Nationale et le Sénat seront sollicités pour voter – ou non – la loi.
FFI : Mais l’industrie verte, qu’est-ce que c’est au juste ?
V.S : Eh bien c’est précisément l’objet de ma publication !
L’avantage de l’expression « industrie verte », c’est que tout le monde comprend a peu près de quoi il s’agit. Mais le problème de cette expression, c’est aussi… que tout le monde comprend à peu près de quoi il s’agit !
Or, pour écrire une loi, il faut définir précisément le terrain de jeu. Ce qui est inclus dans le périmètre et ce qui ne l’est pas. Ainsi, nous pouvons mobiliser l’ensemble des acteurs concernés sans laisser personne sur le coté.
Avant de faire émerger des propositions concrètes, et pour les remettre dans un cadre critique et constructif, il me semble utile de reposer les termes du débat. Je suis partie d’exemples terrain à l’appui, de start-up, PME ou ETI industrielles, mais aussi de territoires.
FFI : Comment définissez-vous l’industrie verte ?
V.S : C’est avant tout une industrie qui vise à apporter des réponses à l’urgence environnementale : avec des process de production décarbonés, des produits écoconcus et des solutions innovantes qui accélèrent la transformation de notre industrie. On imagine alors facilement de nouvelles filières, telle que celle des batteries ; ou alors de nouvelles sources d’énergie, comme l’hydrogène ; ou encore de nouvelles solutions à base de matériaux biosourcés…
Mais cela va bien au-delà. C’est aussi l’industrie circulaire, qui est attentive aux ressources de nos territoires : eau, matières premières, foncier. Cela implique une transformation en profondeur des process industriels pour fonctionner en circuit fermé et produire au plus juste. Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas !
C’est bien sûr également l’industrie qui produit en France et qui relocalise les produits sur lesquels nous sommes vulnérables. Le COVID nous a montré de manière spectaculaire à quel point nous étions dépendants de produits avec un bilan carbone désastreux. 50% des gaz à effet de serre sont importés. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, l’a rappelé hier : dire que l’on désindustrialise pour répondre aux objectifs environnementaux est une hypocrisie écologique !
C’est également une entreprise inclusive, qui propose des emplois d’avenir à tous, qui recrute dans la diversité et qui porte à bout de bras notre modèle social. Ce sont des débouchés pour nos jeunes et nos moins jeunes ; il faut parler, autant que possible, de la reconversion vers les métiers de l’industrie verte.
Enfin, c’est une industrie des territoires qui embarque les collectivités et les services de l’Etat au plus proche de leurs enjeux.
Pour résumer en 5 mots : environnementale, circulaire, française, inclusive, territoriale. Voici la définition de l’industrie verte !
FFI : A l’aune de cette définition, comment voyez vous les premières propositions de loi qui ont été faites à Bercy le 3 avril ?
V.S : Le discours volontaire qui a été porté à Bercy était opportun (NB – vous pouvez le visionner . Les ministres qui se sont exprimés ont esquissé un récit autour de notre nouvelle industrie et les bons sujets ont été évoqués.
Cependant, si je reprends ma grille de lecture, je trouve que nous n’avons pas assez parlé de circularité (en particulier de la nouvelle filière de la seconde vie), ni de reconversion professionnelle. Je trouve également que l’action des intercommunalités n’était pas assez mise en valeur.
FFI : Je crois que c’est l’objet du débat que vous animez le 12 mai à l’Hotel de l’industrie. Les Forces Françaises de l’Industrie seront bien représentées !
V.S : J’anime en effet une table ronde le 12 mai à 8h30 sur le sujet, en présence d’institutionnels, élus, experts et industriels. Le sujet de l’événement portera autour du projet de loi mais aussi sur ce que l’on peut faire au-delà de la loi pour profiter de ce moment propice à l’industrie. Ne laissons pas filer ce moment ! Mobilisons nous et faisons du bruit – avec le bon récit et une bonne prise de parole, tout entrepreneur peut faire changer la donne !
Rendez-vous le 12 mai !
Industrie verte : nouveaux acteurs, nouveaux défis
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