L’essentiel de la culture du lin se fait en France. Malheureusement, jusqu’ici, on envoyait cette matière, une fois récoltée, dans les usines chinoises. Là on en faisait des vêtements qui étaient, à leur tour, renvoyés dans nos magasins européens. Aujourd’hui, la filière française se reconstruit et compte bien mettre fin à cette aberration tant économique qu’écologique.
Rassurons tout de suite ceux qui pensent que la culture du calembour se perd en France. Il n’en est rien. C’est ce que nous rappelle un article des Echos, journal humoristique bien connu, paru le 13 février dernier.
On y parle de LINFINI, une initiative entrepreneuriale que nous trouvons particulièrement sympathique aux Forces Françaises de l’Industrie.
Après avoir sécurisé leurs approvisionnements et avoir identifié de nombreux débouchés, Xavier Denis et Tim Muller s’apprêtent à ouvrir une filature de lin en Bretagne dès 2024.
Ces deux professionnels de la communication ont effectué une reconversion dans le secteur manufacturier pour notre plus grand plaisir. Parce qu’ils vont créer des emplois dans nos territoires, mais également parce qu’ils vont contribuer à la nécessaire décarbonation du secteur textile.
Quelques industriels précurseurs rejoints par d’autres aujourd’hui
Et ça, c’est Marion Lemaire, membre FFI et pionnière du secteur, qui nous le confirme : Près de 70% du lin exploitable par l’industrie textile pousse entre la Bretagne et les Flandres. Jusqu’il y a peu, on mettait le tout dans de jolis bateaux vers la Chine, là, on en faisait des vêtements qui terminaient, en retour, dans nos magasins européens. Un vrai gâchis de CO2, d’emploi et de valeur ajoutée.
Par ailleurs, poursuit la fondatrice de la marque SPLICE, le lin est infiniment moins consommateur d’eau et de produits chimiques. Le problème est que, pour en faire des articles de mode made in France à des prix raisonnables, on a besoin d’une filière industrielle complète et puissante. Or, cette dernière avait quasiment disparue de nos régions.
Des précurseurs comme Olivier GUILLAUME (SAFILIN), Paul Boyer(LINportant, SCIC), Karim BEHLOULI et Olivier DUCATILLION (Lemaitre Demeestere, Natupfibres, La French Filature) ou Pierre Schmitt (Velcorex, EMANUEL LANG), ont montré la voie avec leurs marques et entreprises. Mais une reconstruction de filière nécessite du temps et de plus nombreux acteurs.
Une vraie dynamique d’investissement
Voilà pourquoi nous souhaitons bon courage à Linfini. Les Echos nous apprennent que le financement de cet ambitieux projet est aujourd’hui presque bouclé. Sur les 5,8 millions d’€ nécessaires (restauration d’une friche industrielle, achat des machines…), 300.000 € restent à trouver.
Peut-être passeront-ils lors d’une prochaine session de pitch organisée par l’accélérateur des Forces Françaises de l’Industrie histoire de boucler leur tour de table.
Quoi qu’il en soit, les choses bougent, assure Marion Lemaire. Elle, qui avait travaillé, il y a quelques années, à mettre sur pied une opération de relocalisation de la filière en compagnie de Thomas Huriez, fondateur de la marque 1083, estime aujourd’hui qu’elle n’a plus lieu d’être tant la cause à avancer.
Au fait, l’opération de Marion s’appelait Linpossible… L’esprit de calembour n’est pas mort vous dis-je !
Et n’oubliez pas d’aller visiter le site de SPLICE si vous voulez être chic et décarbonés à la fois.