Nous entraîner dans le cœur des métiers, des savoir-faire, des territoires via la réalité virtuelle et augmentée. Tel est le métier passion de Raynaut Escorbiac, ambassadeur F.F.I Provence. Rencontre avec un défenseur acharné du made in France et des nouvelles technologies qui fait bien la différence entre son univers du monde virtuel connecté, bien réel, et le métaverse à l’avenir encore flou.

– Les F.F.I : Pouvez-vous vous présenter ? 

– Raynaut Escorbiac :  Je suis un entrepreneur du Sud de la France. Je vis à Aix en Provence. Je suis, au départ, un ingénieur en informatique. Pendant dix ans, j’ai été salarié, mais je ressentais depuis toujours une envie irrépressible de monter ma propre structure. Comme je ne sais pas faire les choses à moitié, j’ai repris mes études. J’ai passé un MBA en 2005 en management international à Marseille. Puis, j’ai créé une première société, Develop’Invest qui était spécialisée dans la gestion externalisée dans la formation professionnelle. Nous avons démarré cette aventure à deux et nous étions une cinquantaine quand je l’ai cédée une dizaine d’années plus tard. Il s’agissait d’un métier de niche. Nous étions devenus l’un des acteurs principaux en France. J’ai lancé dans la foulée, Inersio. C’est une société qui conçoit des visites immersives en réalité virtuelle, en vidéos 360 interactives et qui propose des solutions de réalité augmentée pour les entreprises à différents niveaux, domaines.

« Comment me déplacer en France avec qui je suis réellement dans ma poche ? « 

– Les F.F.I : comment l’idée est-elle venue ? 

– R.E : j’étais dans le Sud de la France et mes clients étaient plutôt ailleurs en France que dans ma région.  Je me suis aperçu que j’étais plus performant en termes d’indicateurs commerciaux quand ils venaient me rendre visite dans mon entreprise ! Le taux de transformation de mes offres était supérieur. Je me suis alors demandé : comment je peux me déplacer en France ou dans le monde avec qui je suis réellement dans ma poche ? En sachant que la raison aurait aussi voulu que j’installe ma nouvelle entreprise à Paris, mais je voulais rester dans le Sud. Les outils de réalité virtuelle sont venus à mon secours sur ces deux sujets ! Il n’y a de virtuel que le mot car nous fabriquons des solutions en vidéo 360 que nous rendons interactives. L’immersion est très puissante. Mon interlocuteur, sans qu’il ne bouge, peut visiter à distance une usine de savons de Marseille, découvrir un métier, se retrouver au cœur d’un territoire, d’une vigne ! C’est le savoir-faire que je fabrique ! Récemment, j’ai réalisé des visites immersives du Carnaval de Nice. Des personnes, quand elles ont enlevé le casque, après avoir vu des vidéos, m’ont dit : » il faut que j’y retourne avec mes enfants alors qu’ils n’y étaient pas vraiment allées ! »  L’idée m’est donc vraiment venue par le business et la performance commerciale qu’elle entraînait. Je fais visiter, découvrir avec l’objectif d’apporter un retour sur investissement pour le client. Ma formation d’ingénieur m’a aidé à maîtriser le support assez vite. J’ai développé avec mon équipe des technos que nous avons embarquées dans nos casques. Par la suite, pour répondre à l’appétence du public au tourisme industriel, nous avons créé la 1ère plateforme en ligne de visites des savoir-faire et industries françaises qui s’appelle franceimmersive.com. Elle est gratuite, accessible en lige et permet de découvrir des belles entreprises françaises.

« Le business model a été validé dès le départ ! »

– Les F.F.I : une belle aventure. Était-elle risquée financièrement ?

–  E.R : Grâce au fruit de la vente de ma première entreprise, j’ai pu ainsi capitaliser correctement ma startup. Du reste, je me considère comme un startuppeur déguisé en chef d’entreprise ! En effet, le business model a été validé dès le départ. Ma société a été rentable dès la première année en 2019. Elle gagne de l’argent et ce n’est pas un gros mot ! Nous sommes aujourd’hui une dizaine, tous basés à Aix-en-Provence, à concevoir ces solutions immersives. J’ai lancé l’activité en étant sûr de la technique et des rentrées financières. Nous continuons à nous développer : les évolutions et les innovations sont constantes. Aujourd’hui,  on sort des projets en réalité augmentée. Je peux animer un kakémono, des cartes de visite,  des objets, des produits, des visites d’usines. Il est possible de rentrer dans le cœur des filières, des métiers, des territoires.  Je suis un passionné de la techno qui doit générer, à l’arrivée aussi, du chiffre d’affaires pour mon client. Mon objectif : rendre accessible au grand public cette science et permettre à mon client de générer du ROI.  Je fais de la réalité augmentée sur un savon de Marseille pour mieux le faire vendre, c’est ça qui me plait. Je ne suis pas dans la gadgétisation des choses. J’aime mesurer l’impact financier qu’a eu ma solution.

« Un film institutionnel capte l’attention 18 secondes en moyenne, ma solution, elle, captive 5’40 »

Et toutes les études le démontrent… »

– Les F.F.I : dans quels secteurs intervenez-vous ? Êtes vous présent à l’international ? 

– R.E : J’ai décidé de concentrer les activités d’Inersio aux savoir-faire, aux industries et aux territoires français. Je suis  très engagé dans le made in France et en particulier par le biais des F.F.I . Je souhaite apporter ma petite pierre à l’édifice par ce biais. La désindustrialisation doit cesser. Nous devons passer à une phase de réindustrialisation. Plus on enverra de messages forts, plus on montrera des éléments concrets au grand public, plus il sera sensibilisé au fait qu’il est important de fabriquer, concevoir sur notre sol. Nos réalisations se concentrent actuellement exclusivement sur des entreprises françaises. Nous avons une centaine de clients à ce jour, pour la plupart des marques connues et bien installées :  Aigle, La Brosserie Française, la Savonnerie Marius Fabre, Intuis, Bleuforêt, Eurofins Biolab, La Camargue, etc. 

– Les F.F.I : avoir recours à une visite immersive représente-t-il un investissement important pour ces structures ? 

– R.E : L’investissement est équivalent à celui d’un bon film institutionnel qui lui ne capte l’attention en moyenne que 18 secondes. C’est la réalité des chiffres ! La visite immersive, elle, entraîne un temps de présence de 5 minutes 40 sur framceimmersive.com  !

Le spectateur est acteur de sa visite. Il va là où il veut aller, regarde ce qu’il veut découvrir, lance la vidéo témoignage de son choix. Le retour sur investissement direct se mesure concrètement en taux de transformation. Quand on emmène l’usine dans le casque, on aperçoit un accroissement du panier moyen. L’image de marque est upgradée, le sujet prix est mieux compris. Les clients peuvent aussi  s’en servir aussi comme un outil RH pour les recrutements et montrer des images concrètes :  « voilà l’usine dans laquelle vous allez travailler ! » Là encore,  ça facilite les résultats, les vocations ! Pendant trente ans on nous a martelé un faux message : « si tu es mauvais à l’école fais attention, tu iras travailler à l’usine. » Une chape de plomb pesait sur l’industrie, il ne fallait vraiment pas y aller. C’est en montrant les filières, en faisant découvrir ces sourires sur les postes de travail que notre contribution, aussi minime soit elle, aidera à redorer l’image de l’industrie.

« Le métaverse demeure une vraie question ! »

« Je suis l’anté-métaverse, et non l’anti-métaverse ! »

– Les F.F.I : votre activité est bien ancrée dans le monde réel ! Quel regard portez-vous sur le métaverse dont on parle tant ? 

– R.E : Toutes ces nouvelles technos, quand elles ne sont pas de l’ordre du gaming, ont une vraie valeur ajoutée.  Certains peuvent être tentés de dire que je remplace des êtres humains par des êtres digitaux. Je fais totalement l’inverse. Je mets l’être humain là où il ne peut pas y avoir d’êtres humains. Une boutique est-elle fermée ? On peut afficher les horaires de réouverture sur la porte. Moi avec la réalité augmentée, je fais intervenir des êtres humains devant cette boutique qui expliquent comment il est possible d’avoir recours aux services de cette entreprise alors qu’elle est fermée. Je comprends mieux le message d’un être humain qui s’adresse à moi que celui qui est écrit sur un bout de papier scotché sur une porte.Le Métaverse demeure une vraie question ! Pour l’instant, il y a autant de metaverses que de définitions du metaverse !  Même Méta laisse le soin aux autres acteurs de définir ce que c’est pour qu’ils s’en emparent mieux par eux mêmes ! Pour moi, le métaverse, c’est construire un monde parallèle au nôtre, totalement digital. Je me considère comme l’anté-métaverse et non l’anti-métaverse. C’est une différence importante que j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’exprimer, récemment, auprès des équipes de Méta. Je fabrique des choses grâce à des outils digitaux dans mon monde réel. Je ne fabrique pas une usine dans le métaverse. J’apporte avec moi mon usine réelle. Je la rends interactive, je la filme en 360.  Le casque est malheureusement appelé casque de réalité virtuelle mais en anglais virtual reality englobe la vidéo 360. Je soutiens la réalité augmentée et de la réalité virtuelle via des applications dans le monde réel qui fonctionnent et qui rapportent de l’argent. Alors qu’on ne sait pas encore, à ce niveau,  ce que le métaverse va donner. J’ai plutôt tendance à y croire mais je ne vois pas pour le moment de corrélation avec le monde réel. J’observe une parcellisation à ce monde réel.

« Je n’étais pas un homme de réseaux, mais j’ai été séduit tout de suite par les F.F.I »

– Les F.F.I : d’où vous vient cet intérêt pour l’industrie ?

–  R.E : J’ai été informaticien en début de carrière, et j’ai dû, à ce titre, intervenir dans une quinzaine de domaines d’activités différentes dont beaucoup d’industries. J’ai découvert que l’on avait sur notre sol de belles entreprises qui fabriquent beaucoup de choses. Quand j’ai créé Inersio, j’ai commencé avec des industries proches de chez moi, en Provence. Puis le covid est arrivé, j’ai dû me poser et analyser. L’outil Roiste BtoB que j’ai crée était vertueux. Et adapté aux industries. Je l’ai développé.

– Les F.F.i : comment avez-vous rencontré notre mouvement ? 

– R.E : J’ai échangé avec Emmanuel par hasard puis avec Laurent et Gilles. Je n’étais pas du tout un homme de réseaux, je n’étais même pas trop engagé au niveau local. Mais cette fois-ci, j’ai été séduit.  Je m’étais toujours dit : si j’adhère à  quelque chose, c’est pour une cause à laquelle j’adhèrerai pleinement et qui ne me fera pas perdre du temps – je préfère passer du temps en famille- Je voulais quelque chose qui me parle, me passionne, qui m’apporte et à qui j’apporte. Les F.F.I venaient de naître, et j’ai voulu en être. Je suis l’un des premiers membres, j’ai été le premier ambassadeur en province. Je suis quelqu’un d’engagé. Je donne tout ce que je peux raisonnablement donner. Être aux côtés d’industriels et de sympathisants du made in France, ça me plait. L’objectif est clair : comment mieux positionner nos savoir-faire, nos productions, en particulier dans le domaine de la commande publique. Ça me parle et je peux le prôner. Je ne fais pas de politique, je ne sais pas et ne veux pas le faire. Je veux du concret et du terrain. Je suis un technicien. J’ai souhaité impliquer des entrepreneurs d’Aix et de Marseille, deux villes distantes de 20 kms mais parfois si difficiles à couvrir….On a des sympathisants du Vaucluse et du Var autour de Marseille. Dès le départ, j’ai souhaité avoir autant d’hommes que de femmes. Je suis papa de deux filles. Les femmes sont aussi compétentes, si ce n’est meilleures et elles sont de plus en plus impliquées dans ce domaine. Les F.F.I Provence ont aujourd’hui entre 60-80 sympathisants, la difficulté est de convertir en adhésions. Nous devons transformer à ce niveau. Nous organisons un événement mensuel et nous réunissons, en moyenne, 25 participant(e)s. J’alterne, une fois par mois, un dîner et une visite d’usine. En Provence, nous sommes encore peu connus. Mais quand nous le sommes, les F.F.I incarnent des forces vives qui agissent sur le terrain. Je retrouve beaucoup d’énergie, de bonnes idées, d’ambition. Je repars à chaque fois boosté des dîners auxquels je participe. Oui, je suis content et fier d’être l’un des ambassadeurs du club dans ma région.

– Les F.F.I : comme le veut la tradition de ce portrait membre, pouvez-vous définir Gilles Attaf en trois mots :

– R.E :  convictions, engagement et amoureux du made in France. Je peux en dire plus ?  J’ai découvert l’homme, j’échange fréquemment avec lui. C’est quelqu’un qui est très attentif quand on arrive à le capter. Il est passionné et il en devient passionnant. Il est hyper humain. Je suis très heureux et flatté de faire partie de son cercle.

– Les F.F.I : même exercice avec Emmanuel Deleau

– R.E : c’est le technicien du réseau, comme il aime lui-même à se définir. Il est plus méthodique, rassembleur.

– Les F.F.I : Laurent Moisson, en trois mots ? 

– R.E : on s’apprécie beaucoup, c’est un ultra communicant, j’apprends, j’essaie de m’améliorer en m’inspirant de ce qu’il fait. Il ne le sait pas mais, je l’ai à l’œil. Je le lis, je l’écoute. Il a su rester accessible, humain et à l’écoute. Mais c’est un trait fort commun à ces trois cofondateurs.

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