En quelques jours, des marques importantes comme Puma ou Jules ont pris la parole sur le sujet. La première annonçait la production d’une collection 100% made in France. La seconde confirme sa transformation en entreprise à mission, ainsi que sa politique de relocalisation.

Un peu plus tôt, c’était Auchan, navire amiral du groupe familial qui détient Jules, qui donnait des nouvelles de son offre « le corner français ». L’enseigne propose une gamme de vêtements fabriqués dans nos régions.

Ceci sans parler des jeunes marques 100% made in France. Ces dernières années, elles sont nombreuses à avoir fleuri sur ce positionnement. 1083 ou Splice ont montré la voie. D’autres leur ont emboîté le pas.

Bref, il y a de quoi se dire que le vent souffle enfin dans le bon sens sur une industrie au bilan carbone qui se passerait bien de tous ces flux logistiques entre usines asiatiques et magasins européens.

Certes. Mais quand on regarde les volumes de ventes que font ces bons élèves de la transition écolo-patriotique, on est encore loin du compte.
Auchan affiche un objectif de 5% de ses ventes en fabrication française pour 2023. Puma ne parle que d’une collection, qui ne dépassera pas les 30 000 articles. Quant aux jeunes marques, dans le jean, par exemple, où elles sont nombreuses, elles représentent moins de 15% du marché.

Jules, plus ambitieux, qui a commencé sa mue plus tôt, compte atteindre 100 000 ventes en 2025. La marque du groupe Mulliez vise 1/3 de ses articles produits en France d’ici 2026. Elle est aujourd’hui à 17%.

On voit donc que malgré les bonnes intentions et les annonces rassurantes, on est encore loin d’avoir gagné la bataille de la relocalisation de notre industrie textile. Est-ce un signe de mauvaise foi comme le disent les esprits les plus chagrins ? Assurément non. C’est juste que tout prend du temps dans notre beau pays.


Les industriels soulignent le temps qu’il faut pour ouvrir une usine ou l’agrandir. Souvent deux fois plus qu’en Allemagne. La faute aux procédures d’associations moins encadrées qu’ailleurs, à l’empilement de nos services administratifs.

Et une fois que l’usine est là, encore faut-il pouvoir embaucher. Malgré un taux de chômage encore important et des salaires en hausse, nos industriels ont du mal à attirer de la main-d’œuvre.

Pour finir, ceux qui se méfient des effets d’annonce d’industriels suspectés de greenwashing devraient se pencher sur notre attitude, à nous, consommateurs. Nous sommes nombreux à déclarer que nous souhaitons des vêtements produits en France par des ouvriers mieux traités qu’ailleurs, dans des usines plus respectueuses de l’environnement. Et beaucoup moins à accepter d’en payer le prix.

Or, dans la mode comme dans beaucoup de domaines, ce sont les consommateurs qui font le marché.

Bref, il va falloir sortir de la posture et faire ce que l’on dit.

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