« La France s’est développée industriellement en dehors de ses frontières. » Nicolas Dufourcq, le patron de la Bpifrance, accorde une longue interview au média Le Grand Continent qui suscitera de nombreuses réactions.
Extraits :
– « A Paris, l’industrie des provinces reste quelque chose de lointain. Seuls les grands groupes industriels se trouvent dans la capitale, et leur empreinte industrielle est massivement hors de France. On le sait, l’industrie française compte 6 millions de salariés à l’étranger. La proportion de salariés à l’étranger rapportée aux salariés français de l’industrie française est 2 à 2,5 fois supérieure à la même proportion en Allemagne, peut-être 3 fois supérieure à la même proportion en Italie et 4 fois supérieure à la même proportion en Espagne. (…) Pendant des décennies, à chaque fois qu’on devait créer une usine, la question ne se posait pas : il était hors de question de la monter en France, il fallait la monter à l’étranger.
– Bien sûr, l’industrie elle-même porte aussi une responsabilité, en sous-estimant ce qu’il fallait, et ce qu’il faut toujours faire, pour attirer les meilleurs. De belles usines, de belles carrières, et un grand récit. »
Nicolas Dufourcq : « ll y a un avenir brillant pour les architectes de la réindustrialisation française
– En fait, on entend la préoccupation industrielle dans tous les pays : il existe donc une très forte concurrence entre les uns et les autres. Les Espagnols ont par exemple mis en place des dispositions de simplification radicale des implantations d’usines. L’IRA américain est un changement d’époque et un retour au protectionnisme. Tout le monde veut aujourd’hui ses usines. »
– Un problème émerge : en France, les grosses friches sont dans le Nord et dans l’Est. Or les nouveaux entrepreneurs de l’industrie, comme tous les Français, veulent être à l’Ouest.
– Il n’y a pas de terrain, il n’y a pas assez de foncier. C’est le problème qui va se poser pour la réindustrialisation de la France. Avec la fin de l’artificialisation des sols, il va falloir faire des usines verticales. Les élus vont avoir un rôle considérable à jouer pour convaincre le voisinage d’accepter le retour de l’industrie. Il y a un avenir brillant pour les architectes de la réindustrialisation française qui vont devoir concevoir des objets brillants, beaux, iconiques pour les territoires, et nativement décarbonés et électrifiés.
« Toutes les usines sont devenues des laboratoires »
– Si on ne veut pas mettre nos démocraties européennes « à l’envers », on doit tenir notre industrie. C’est le moment qu’on est en train de vivre en Europe.
– Toutes les usines sont devenues des laboratoires. »
Voir la précédente prise de parole de Nicolas Dufourcq : « La désindustrialisation, nous sommes tous coupables ».
Gilles ATTAF, Franck GLASER, Emmanuel DELEAU, Laurent Moisson, Virginie SAKS, Béatrice TETUKAU, Nicolas Pigasse
#industrie, #madeinfrance
Bel Article. Très réaliste, la compétition industriel entre pays mais aussi entre salariés européens.